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"C’est le levier que l’Europe avait choisi d’utiliser avant les élections au Zimbabwe : menacer de prolonger l’embargo sur les diamants zimbabwéens si le scrutin se passait mal. Le vote de juillet dernier s’est conclu par la réélection de Robert Mugabe, au pouvoir depuis un tiers de siècle. Malgré les accusations de fraude massives de l’opposant Morgan Tsvangirai, le résultat des urnes a été reconnu par les institutions panafricaines. Alors malgré les soupçons d’irrégularités, l’Union européenne ne veut pas être « plus royaliste que le roi ». L’unanimité n’est cependant pas entière au sein des 28 : la Grande-Bretagne aurait souhaité poursuivre le gel des avoirs de la ZMDC.

La société minière contrôlée par le parti ZANU-PF au pouvoir au Zimbabwe est majoritaire dans cinq mines de diamant à Marange et, selon l’ONG Global Witness, elle aurait utilisé les revenus des pierres précieuses pour acheter des votes. La Belgique en revanche était très favorable à la levée des sanctions. Elle abrite la capitale mondiale du commerce du diamant, Anvers. C’est encore par là que transitent plus de 80% des diamants bruts et la moitié des diamants taillés. Mais les 8 millions de carats zimbabwéens lui échappaient pour partir en Inde. Sur 130 millions de carats produits dans le monde, ce n’est pas négligeable.

D’autant que l’industrie diamantaire va manquer de gemmes dans les années qui viennent, faute de nouvelles mises en production minière dignes de ce nom. La production de diamant brut progressera de 2,5% par an d’ici 2020, insuffisamment pour répondre à une demande en hausse de 6% par an sur la même période. Car les Etats-Unis achètent à nouveau beaucoup de diamants depuis juin dernier, après deux ans de sobriété. Et en Chine, la fièvre du diamant est en train de remplacer la fièvre de l’or chez les consommateurs. Désormais, les fiancées chinoises exigent leur bague de diamant. Et elles sont plus de 20 millions tous les ans !"