Lire l’article de François Soudan sur JeuneAfrique.com

"Il en aura fallu, du temps et des morts, avant que des voix s’élèvent, le 25 septembre à l’ONU, pour s’inquiéter du sort de la Centrafrique. Et il n’est même pas sûr que cela suffise à briser l’indifférence de la communauté internationale.

La scène, surréaliste, rappelle les épisodes tragicomiques du "Dadis Show" en vogue du côté de Conakry, à l’heure du prime time, il y a quelques années. Le 19 septembre, Michel Djotodia, président autoproclamé de la Centrafrique, convoque dans sa villa du camp de Roux, à Bangui, une vingtaine de journalistes et de diplomates pour assister à un exercice magistral de justice régalienne. La tête basse, entourés d’une escouade de militaires, un Sri-Lankais et un Camerounais présentés comme des trafiquants de diamants et de saphirs subissent les foudres du chef de la Séléka. "Vous êtes venus acheter illicitement nos diamants, vous êtes venus nous piller !" tonne Djotodia.

Maladroitement, le Sri-Lankais se défend en expliquant que les pierres proviennent du Cameroun et qu’il n’a fait que transiter par Bangui. Michel Djotodia l’interrompt, promet des "sanctions pénales" et ordonne dans la foulée le transfèrement des deux hommes à la très redoutée section de recherche et d’investigation de la gendarmerie. Il aurait pu les envoyer en prison, mais il y a longtemps qu’il n’y en a plus en Centrafrique. Il aurait pu aussi les faire interner à côté de chez lui, au camp de Roux, comme son ancien compagnon de rébellion Mohamed-Moussa Dhaffane, prestement arrêté sur son ordre il y a trois mois au sortir d’un tête-à-tête houleux, mais cela aurait fait désordre devant tous ces témoins. Nul n’a eu ce jour-là le mauvais goût de rappeler au président que la Séléka s’est largement financée sur le trafic de diamants et chacun a compris le message véhiculé par cette mise en scène : le Titanic centrafricain a bien un capitaine."

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