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"On le surnomme le "Gareth Bale de l’Asie". L’Irakien Ali Adnan, 20 ans, convoité par l’AS Roma, s’illustre pourtant actuellement autrement que par le football. Suite à l’offensive des jihadistes de l’EIIL en Irak, il a décidé de rentrer dans son pays pour combattre aux côtés de l’armée, alors que ses coéquipiers partaient fêter la fin de la saison à Miami. Récit.

Arsenal, FC Séville, Galatasaray, AS Roma… La liste des clubs ayant repéré le footballeur irakien Ali Adnan n’est pas à la portée du premier quidam venu. Et pour cause, à seulement 20 ans, le latéral gauche irakien est l’un des joueurs les plus prometteurs du moment.

Ancien pensionnaire du Badgad FC, il a notamment brillé lors de la Coupe du monde des moins de 20 ans, organisé en Turquie en 2013, où il a littéralement porté son équipe jusqu’en demi-finale. Ali Adnan devient, avec cette compétition, l’un des jeunes joueurs les plus suivis par les grands clubs européens.

Il s’engage finalement en Turquie, en première division, avec la formation du Çaykur Rizespor pour laquelle il inscrit 3 buts et offre 9 passes décisives en 31 titularisations. Il est sacré meilleure révélation asiatique de l’année 2013, l’AS Roma songeant sérieusement à l’engager, selon les médias sportifs italiens.

Bagdad plutôt que Miami

Seulement, Ali Adnan est Irakien. Et, devant l’avancée des jihadistes de l’État islamique en Irak et au levant (EIIL), qui menace désormais de prendre Bagdad, il décide se désolidariser de ses coéquipiers, en partance pour Miami où ils comptaient prendre un peu de repos à la fin de la saison. Il s’envole pour son pays natal, afin d’y combattre au sein de l’armée irakienne les jihadistes.

Véritable star, le sportif reçoit un accueil des plus chaleureux, soldats et chefs militaires se bousculant pour figurer sur des photos à ses côtés. Celles-ci se répandent rapidement sur les réseaux sociaux, à tel point que certains observateurs en sont venus à dénoncer une opération de communication de l’armée irakienne.

Le précédent Burak Karan

Interrogé par le quotidien turc Hurriyet, un porte-parole du club Çaykur Rizespor confirme quant à lui que son joueur se trouve bien à Bagdad mais évoque uniquement "des vacances en famille", affirmant ne pas être au courant d’un quelconque enrôlement.

Ali Adnan n’est pas le premier à quitter les terrains d’entrainement pour les zones de guerre. Déjà, en 2011, Burak Karan, ancien joueur de l’équipe d’Allemagne des moins de 17 ans, avait rejoint la Syrie pour combattre Bachar el-Assad aux côtés des jihadistes. Lui ne reverra jamais ses anciens coéquipiers Sami Khedira ou Kevin-Prince Boateng, actuellement au Brésil pour la Coupe du monde. Il est mort à 23 ans, en novembre dernier, dans un raid aérien de l’armée syrienne."