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"Le journaliste égypto-canadien Mohamed Fadel Fahmy, chef du bureau d’Al-Jazira au Caire avant que la chaîne ne soit interdite en Egypte, ses confrères, l’Australien Peter Greste et l’Egyptien Baher Mohamed, étaient détenus depuis plus de 160 jours. Fahmy et Greste viennent d’être condamnés à 7 ans de prison, et Baher à 3 ans. Onze autres accusés jugés par contumace, dont les journalistes britanniques Sue Turton et Dominic Kane, ont été condamnés à 10 ans.
Les journalistes de la chaîne qatarie comparaissaient pour avoir interviewé des sympathisants de la confrérie, diffusé « de fausses nouvelles en vue de soutenir le mouvement islamiste » et « dégradé l’image de l’Egypte ».

Depuis la destitution de Mohamed Morsi, le 3 juillet 2013, toute prise de position en faveur de la confrérie, dont était issue la formation politique de l’ancien président, coûte très cher en Egypte, surtout quand il s’agit de dénoncer la répression sanglante dont les partisans pro-Morsi sont victimes. « La "chasse aux Frères" continue de cibler les journalistes égyptiens, mais aussi leurs confrères turcs, palestiniens ou syriens. […] Les autorités utilisent des prétextes fallacieux pour les maintenir en détention », affirmait Reporters sans frontières dans une lettre ouverte au nouveau président de la République, Abdel Fattah al-Sissi, le 5 juin.

« VENDETTA »

Pendant le procès, les accusés, qui ont eu le droit à de brefs temps de parole, avaient dénoncé un procès « inique » et « politique », clamant que « les médias ne détruisent pas un pays ». Face au juge, Peter Greste avait pointé du doigt « une vendetta » contre Al-Jezira, ajoutant : « Nous sommes otages dans une bataille entre le Qatar et l’Egypte. » Alors que Doha dénonce ouvertement la répression implacable lancée contre les partisans de Mohamed Morsi depuis sa destitution, les autorités égyptiennes considèrent la chaîne comme le porte-voix du Qatar et reprochent à ce pays de soutenir le mouvement honni.

La situation de la liberté de la presse s’est considérablement détériorée en Egypte. Encore plus depuis l’arrivée au pouvoir de l’armée. Au moins 65 journalistes ont été arrêtés en moins d’un an."