Le rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, Manfred Nowak, va examiner de près les accusations du mouvement spirituel Falun Gong, qui manifestait le 27 mars sur la Place des Nations à Genève. Le mouvement affirme que 6000 pratiquants de Falun Gong seraient détenus dans l’hôpital de Sujiatun, une banlieue de la ville de Shenyang, au Nord de la Chine.

Citant la femme d’un médecin de cet hôpital, ainsi qu’un journaliste chinois travaillant pour une agence japonaise, le groupe ajoute que 4000 détenus auraient déjà péri après le prélèvement d’organes et de tissus humains, notamment en étant brûlés dans un « four crématoire. »

Organes revendus

Les organes seraient revendus sur le marché chinois et le marché international, indique le journal Epoch Times, proche des milieux dissidents chinois en Occident. Les témoins, qui réclament l’anonymat, auraient fui aux Etats-Unis où ils ont alerté des parlementaires et des agents gouvernementaux.

A Pékin, un porte-parole du gouvernement a démenti ces accusations en les qualifiant de « mensonge absurde » et en invitant les journalistes à visiter les lieux.

« Je suis maintenant en train de faire une investigation aussi poussée que possible sur ces allégations, a précisé jeudi à Genève Manfred Nowak. Si j’arrive à la conclusion que ces allégations sont sérieuses et fondées, alors je les soumettrai au gouvernement chinois. » Si elles se vérifiaient, ajoute le rapporteur, ce serait une « violation très grave de nombreux traités internationaux, des droits humains fondamentaux et du droit à la vie. »

Le Falun Gong, qui pratique des exercices de qigong et une spiritualité proche du bouddhisme, a été interdit comme « secte dangereuse » et poursuivi en Chine dès 1999. Le mouvement se définit comme « pacifique et non religieux » et affirme avoir plus de 70 millions de pratiquants. Plus de 10’000 auraient été torturés à mort et plusieurs centaines de milliers seraient détenus dans des camps.

Nowak, un professeur de droit autrichien, appelle le gouvernement chinois à supprimer son système de « rééducation par le travail », qui permet d’enfermer des dissidents et des minorités religieuses jusqu’à quatre ans sans jugement. « Ces méthodes comprennent une pression psychologique très forte sur les détenus pour qu’ils changent leur personnalité en confessant leur culpabilité. » Un tel système contrevient selon lui à la convention sur les droits civils et politiques.

Torture en déclin malgré tout

Le rapporteur sur la torture a pu se rendre douze jours en Chine en décembre dernier, après dix ans de négociations. Il s’est dit satisfait d’avoir pu visiter des établissements « en toute liberté et sans annonce préalable », s’entretenant sans témoin avec des prisonniers, y compris au Tibet et au Xinjiang. En revanche, ajoute-t-il, hors des prisons, les familles et les avocats ont subi de nombreuses intimidations qui les ont empêché de s’exprimer lors de son passage.

Nowak estime que la torture, bien qu’encore très répandue, a tendance à diminuer, grâce à l’amélioration des lois, du droit pénal et des contrôles vidéos des interrogatoires. « Mais beaucoup reste à faire », conclut-il en déplorant le manque d’indépendance de la justice.

Rapporteur de l’ONU sur la torture

Les informations d’Epoch Times

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