OMCT - Au début des années 1990, lors des réunions préparatoires au Sommet de Vienne, les trois caractéristiques fondamentales des droits de l’homme, leur universalité, leur interdépendance et leur indissociabilité ont été réaffirmées sans ambiguïté. Cette affirmation était indispensable face à des courants cherchant à présenter les droits de l’homme comme un ensemble de règles créées par les seules démocraties industrialisées et imposées au reste du monde sans tenir compte des diversités culturelles, ni des valeurs fondamentales
de chaque civilisation.
Les attaques terroristes de septembre 2001 ont malheureusement remis en cause ces acquis et engendré une relativisation de la définition et de la prohibition absolue de la torture et des traitements cruels, inhumains ou dégradants au nom de la sécurité d’Etat. Cette relativisation a culminé avec la mise en place de politiques de lutte contre le terrorisme, en particulier par les démocraties occidentales.
L’accent mis récemment dans de nombreux pays occidentaux sur la nécessité de renforcer la sécurité et de durcir la lutte contre le terrorisme a conduit à des pratiques en contradiction avec les principes fondamentaux des droits de l’homme par certaines de ces démocraties. En prenant le risque d’un tel relativisme, non seulement les démocraties occidentales remettent en cause un des fondements de toute politique de promotion et de défense des droits de l’homme, mais de surcroît, elles reposent, après des années, le débat sur le relativisme, y compris culturel et social.
L’interdiction de la torture peut désormais être discutée, non seulement à partir du problème de la sécurité de l’Etat ou des citoyens, mais également en fonction des problèmes sociaux que traverse tel ou tel pays, ou de la perception culturelle que peut avoir telle ou telle population plus encline à prétendre protéger des droits collectifs qu’à s’assurer que la torture est prohibée en toute occasion.
Comment en est-on arrivé là ? C’est ce que nous proposons d’examiner ensemble, afin de dégager les failles du système actuel et les modalités d’actions que les représentants de la société civile, ONG mais également parlementaires et décideurs pourraient mettre en oeuvre pour mieux protéger et promouvoir les droits fondamentaux.
Le Colloque international de l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) intitulée « Torture : relativismes culturel, politique et économique, le choc des convictions » se tiendra à Genève entre le 4 et le 5 décembre 2008.
Cet événement, présidé par Kofi Annan, a pour objectif de dénoncer l’érosion de la prohibition absolue de la torture, d’en analyser les sources et d’en mesurer l’impact, dans le but d’éveiller les consciences et de promouvoir de nouveaux outils de défense des droits fondamentaux.
L’événement réunira plusieurs dizaines de membres des organisations non gouvernementales affilées au réseau SOS-Torture de l’OMCT et près d’une vingtaine d’intervenants de renom issus des mondes de la culture, des sciences et des institutions internationales politiques et économiques.
A cette occasion, les trois caractéristiques fondamentales des droits de l’homme, à savoir leur universalité, leur interdépendance et leur indivisibilité seront réaffirmées. Un colloque de haut niveau, des groupes de travail constituent le corps de cet évènement.
L’OMCT est la plus grande coalition d’ONG oeuvrant sur le terrain en faveur de la prohibition absolue de la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants dans le monde. Notre réseau SOS-Torture est constitué de plusieurs milliers de correspondants rassemblés au sein de 296 organisations non gouvernementales nationales, régionales et internationales dans 92 pays,
sur cinq continents.