Je me demande encore pourquoi je me retrouve devant vous aujourd’hui...

Cela me ramène aux trente dernières années de mon histoire familiale, assombrie pendant la dictature militaire en Argentine de 1976 à 1983, avec l’enlèvement et la disparition consécutive de ma fille Maria Marta et son mari Cesar, qui est survenue cette nuit funèbre du 14 mai 1976.

Marta Ocampo de V

Comme des milliers d’autres ils ont été enlevés et l’on n’a jamais plus entendu parler d’eux. Ils sont entrés dans un trou noir duquel ils n’ont jamais pu revenir.

Notre lutte continue... jusqu’à ce que la Convention soit approuvée par l’Assemblée générale des Nations Unies et nous défendrons toujours les droits de l’homme.

L’impunité de règle jusqu’à aujourd’hui

L’impunité a été jusqu’à aujourd’hui une caractéristique essentielle de la pratique des disparitions forcées et c’est la raison pour laquelle les ONG recherchent la pleine application de la justice dans chaque pays touché. C’est la raison pour laquelle nous nous préoccupons de la manière dont le droit international des droits de l’homme est mis en œuvre.

C’est aussi la raison pour laquelle nous nous préoccupons de la création de mécanismes juridiques qui puissent prévenir, sanctionner et empêcher la perpétration de ce crime contre l’humanité.

C’est la raison pour laquelle, M. le Président, nous sommes ici [à Genève] aujourd’hui, une nouvelle fois, pour vous demander que la Convention soit finalement approuvée. Nous avons parcouru un long chemin, avec des avancées et des désillusions mais aujourd’hui nous nous tournons vers vous pour que dans ce monde il n’y ait plus d’autre victime de disparition forcée.

Si nous défendons la « mémoire historique des peuples », c’est parce que des événements d’une telle ampleur collective ont eu lieu et nous devrions toujours les garder à l’esprit parce qu’ils constituent notre identité nationale.

Faire vivre la mémoire

C’est une façon de faire vivre notre mémoire, pour que chaque disparu, chaque victime sache que son passage dans la vie n’a pas été ignoré, que ses utopies n’ont pas été vaines et qu’elles deviendront progressivement réalité.

C’est ce qui nous aide à garder la mémoire vive, à comprendre que nous ne pouvons pas laisser dans le puits de l’oubli ces crimes odieux qui ont été commis à l’encontre de milliers de victimes.

Je veux dire très clairement que pour prévenir les violations des droits civils et politiques, économiques, sociaux et culturels, il faut dire un NON ferme à l’impunité.

Je vais affirmer très clairement que je soutiens les dossiers restés en suspens de la Commission des droits de l’homme, comme la Déclaration sur les peuples autochtones, notre Convention et les autres situations qui contribueront à « la Paix, la Vérité et la Justice ».

Messieurs, la responsabilité que nous puissions finalement dire qu’il n’y aura plus de détenus-disparus- dans ce monde est entre vos mains.

Je peux seulement vous dire que je poursuivrai toujours mon travail de défense des droits de l’homme et contre toutes les violations commises et je continuerai à revendiquer les idéaux et les principes que les 30000 disparus d’Argentine et du monde entier ont défendu pour les peuples. Je poursuivrai toujours la lutte pour la Mémoire, la Vérité et la Justice.