Monde

Un succès fragile pour les droits humains

La première session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU s’est terminée vendredi à Genève. Il reste du chemin à faire mais c’est une réussite, selon la Suisse.

Cependant la détérioration brutale de la situation au Proche-Orient a altéré vendredi une atmosphère jusque-là plutôt consensuelle.

« L’essai est réussi, même s’il faut encore le transformer. » L’ambassadeur de Suisse auprès de l’ONU n’hésite pas à recourir à la métaphore sportive pour qualifier cette première session du Conseil des droits de l’homme. Une réunion inaugurale de deux semaines qui a pris fin à Genève vendredi.

Blaise Godet se refuse par contre à tirer un véritable bilan. Vice-président du Conseil, le diplomate suisse rappelle en effet que le nouvel organe - créé le 15 mars par l’assemblée générale de l’ONU - a une année pour décider de son fonctionnement et devenir ainsi pleinement opérationnel.

Dernière journée confuse

De plus au dernier jour, suite au durcissement cette semaine du conflit au Proche-Orient, les pays arabes ont réussi à faire passer deux résolutions sur ce thème, alors que la présidence du Conseil proposait une déclaration évoquant également d’autres sujets majeurs de préoccupation, comme le Darfour, les migrations ou la protection des défenseurs des droits humains.

Terminée dans la confusion, cette première session démontre que le Conseil n’a pas encore surmonté tous les risques de politisation et de sélectivités des débats, qui avaient ruiné la crédibilité de l’ancienne Commission des droits de l’homme.

Mais au moins ce nouvel organe a montré sa capacité à réagir à une situation d’urgence.

Désir de consensus

Ce la dit, Blaise Godet relève que l’atmosphère des discussions a été malgré tout marquée par « un désir de consensus qui tranche avec le dialogue de sourds et les longs monologues » de l’ancienne Commission des droits de l’homme, enterrée en mars après 60 ans d’existence.

De son coté, Jean-Daniel Vigny précise la nature de nouvel état d’esprit : « Ce qui est nouveau, c’est ce dialogue interactif, spontané, direct et réactif qui a pu être mené sur plusieurs dossiers. Les ONG avaient d’ailleurs de la peine à suivre, par manque de représentants. »

Comme le relève le chef suppléant de la délégation suisse au Conseil des droits de l’homme, « ce type d’échange n’a jamais eu lieu dans l’ancienne Commission. »

En outre, les membres du Conseil ont également pris un certain nombre de décisions. Blaise Godet, qui dirige la délégation helvétique, cite l’adoption de la Convention contre les disparitions forcées et de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, deux textes soutenus par la Suisse et transmis à l’Assemblée générale de l’ONU pour approbation définitive.

Mandats prolongés

Blaise Godet mentionne aussi l’extension des mandats de tous les rapporteurs spéciaux pour un an, dont celui du controversé Jean Ziegler, rapporteur suisse de l’ONU sur le droit à l’alimentation. Pour l’ambassadeur, cette décision permet d’éviter « un vide de protection » pour les victimes dans la période de mise en place du Conseil.

Durant cette période, le Conseil évaluera la quarantaine de mandats concernés. Ceux-ci seront ensuite soit renforcés, comme l’espère la Suisse, ou alors affaiblis, comme le craignent certaines ONG.

La Suisse est également très attentive à la grande nouveauté que doit mettre en place le Conseil : l’examen périodique des droits de l’homme dans chaque Etat des Nations Unies.

A cette fin, le gouvernement helvétique organise un séminaire le 28 août à Lausanne, ouvert à tous les membres de l’ONU et à la société civile.

Cette réunion - la 4e du genre organisée par la Suisse - vise à débroussailler le terrain pour faciliter les négociations formelles à l’intérieur du Conseil. Une initiative que ses membres apprécient grandement, selon Blaise Godet

Un mécanisme efficace

« Une des tâches les plus importantes est de mettre sur pied le mécanisme d’examen périodique universel de tous les Etats de la communauté internationale, ajoute Jean-Daniel Vigny. Il faut un mécanisme efficace et universel. Il faut donc que tous les Etats soient traités de la même manière et qu’ils soient tous examinés durant trois ans. »

En guise de conclusion, Blaise Godet relève un dernier signe positif : le rôle des organisations non gouvernementales (ONG) n’a pas été remis en cause. Et l’ambassadeur suisse de souligner : « La délégation suisse s’engagera pour que leur statut soit maintenu et, si possible, renforcé. »

Faits marquants

La première session du Conseil des droits de l’homme s’est tenue du 19 au 30 juin à Genève. Les prochaines sessions auront lieu du 18 septembre au 6 octobre et du 27 novembre au 8 décembre. Une session de quatre semaines se tiendra du 12 mars au 6 avril 2007.