Qui aurait cru, avant ce week-end sanglant en Israël et dans les territoires palestiniens, que la conférence sur la quatrième convention de Genève se ferait dans une situation tendue à son paroxysme ? Les gouvernements se réunissent aujourd’hui à Genève, sous la direction de la Suisse, pour s’entendre sur l’application de cette quatrième convention qui demande des mesures pour que les populations civiles soient protégées en temps de guerre et d’occupation. Cette réunion, boycottée par les Etats-Unis et Israël, a été demandée par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale des Nations-Unies, ainsi que par le bureau du Commissariat des droits de l’homme. Parallèlement, des ONG (organisations non gouvernementales) de droits de l’homme, porte-parole de la société civile, mènent depuis hier leur conférence parallèle à Genève.

Un incident survenu au début de cette réunion des ONG montre bien que le dialogue entre les positions israéliennes et palestiniennes n’est pas plus facile à établir dans un pays aussi paisible que la Suisse. Quelques organisations juives, dont le Centre Simon Wiesenthal et UN Watch se sont vues refusées l’accès à la réunion. « On ne peut pas prendre le risque de faire capoter tout ce travail de plusieurs années par des positions antagonistes. On est là pour trouver des solutions, pour réfléchir, pas pour échanger des propos anti-constructifs », a expliqué Mireille Mendès France, membre de l’Association internationale des juristes démocrates. En effet, les représentants des organisations juives présentes réfutent les fondements mêmes de cette conférence, considérant que cette quatrième convention de Genève ne doit pas être appliquée à l’autorité palestinienne. Toutefois, les portes de cette réunion n’ont pas été fermées à ces seules organisations juives. « Nous avons refusé deux organisations arabes, l’une égyptienne, l’autre irakienne, qui se sont présentées au pied levé, relève Khader Shkirat, directeur de Law Society à Jérusalem. Nous travaillons sur cette question depuis 1999 et nous tenons à avancer ».

C’est au nom de cette 4ème convention que l’avocat de Gaza Raji Sourani réclame une force de maintien de la paix. A la tête du Centre palestinien pour les droits de l’homme et vice-président de la FIDH (fédération internationale des droits de l’homme), il souligne l’horreur des attentats de ce week-end : « Nous condamnons tout acte de violence contre les populations civiles quelles qu’elles soient, rappelle-t-il. Mais notre population suffoque. Elle n’en peut plus, elle est étouffée socialement et économiquement, soumise à des destructions systématiques de leurs maisons, à des états de siège. La communauté internationale doit réagir ».

Et Mireille Mendes France de poursuivre : « Quand Israël autorise ses soldats à entrer dans les foyers, à en chasser les familles pour détruire les maisons et à construire des colonies par dessus. Il n’y a plus d’issue pour les gens. Il faut que l’Etat israélien se pose des questions. Et ce silence dramatique et inexplicable de la communauté internationale ! Il y a une violence d’Etat légitimée face à cette violence terroriste ».

Pour Antoine Madelin, représentant permanent de la FIDH à Genève, ces attentats scandaleux sont une sérieuse entrave au processus de paix et jouent contre tout espoir d’un rétablissement durable de la paix. « Mais ce ne doit pas être un prétexte pour quitter la table des négociations ni nier les problèmes humanitaires et de droits de l’homme qui se posent là-bas », précise-t-il.

InfoSud / Carole Vann