Ils sont plusieurs centaines en Suisse, réfugiés politiques syriens cantonnés dans la discrétion la plus totale. La moindre action de leur part entraînait des représailles immédiates sur leur famille restée sur place. Aujourd’hui, depuis l’accession au pouvoir de Bachar el-Assad il y a bientôt un an, ils osent un peu plus. Ils se rassembleront à 17h00 devant la Place des Nations à Genève pour réclamer plus de liberté dans leur pays.

L’initiative, issue d’une campagne conjointe entre New York, Paris et Genève, est menée par plusieurs associations de défenses de droit de l’homme arabes et syriennes. Les manifestants demandent la fermeture de la prison de Tadmor ( nom arabe de Palmyre), tristement connue pour ses conditions de détention inhumaines. Cette prison est le symbole de la répression de l’ancienne époque. Plusieurs milliers de prisonniers y croupissent encore, certains depuis 30 ans, avec interdiction absolue de parler. Les visites sont interdites, les médicaments aussi. Plusieurs massacres à l’intérieur de cette prison ont été dénoncés par Amnesty International, dont celui de 1980 en représailles à un coup d’état perpétré contre le défunt président Hafez el-Assad.

Indéniablement, l’arrivée de Bachar el-Assad a amené un vent de réforme dans le pays. Les signes en sont nombreux : la prison de Mezze à Damas qui détenait 5’000 prisonniers palestiniens et autant de Libanais a été fermée. Six cent prisonniers politiques de toutes tendances ont été libérés, certains étaient détenus depuis 20 ans sans jugement. On assiste à la renaissance de la société civile. Les assemblées se réunissent de manière plus ou moins informelle, des forums sont consacrés aux droits de l’homme. Les premiers téléphones portables font leur apparition. Autre première remarquable : 99 intellectuels signaient en octobre dernier une pétition réclamant une libéralisation non seulement économique mais aussi politique.

Une des revendications primordiale demandée par tous est la levée de l’état d’urgence et de la loi martiale décrétées en 1963. « Les tentatives de changements amenées par Bachar el-Assad sont en train de partir à la dérive, tempère Chida Abdul-Hamid, l’un des rares Syriens osant sortir de l’anonymat en Suisse. Les mêmes personnes sont aux mêmes postes et les structures ne bougent pas. Les rassemblements politiques toujours interdits. Il n’y a toujours pas de journaux d’opposition. L’ oligarchie militaire craint trop de perdre ses privilèges ».

InfoSud / Carole Vann