Les faits

Samia Abbou et ses enfants (âgés de 10 à 13 ans), accompagnée de la célèbre avocate Radia Nasraoui, rentre chez elle après avoir rendu visite à la famille d’un prisonnier politique dont le fils a été sauvagement agressé mardi 24 octobre.

Elle est alors interpellée par des policiers en faction devant son domicile. Opposés à ce que maître Nasraoui entre au domicile de la famille Abbou, une discussion qualifiée de « cordiale » s’engage, avant que deux motards vêtus de noir, vraisemblablement membres d’une unité spéciale (les fameux « Tigres noirs »), ostensiblement armés, se précipitent dans sa direction, extrêmement menaçants.

« Ils étaient armés, terrifiants, nous regardaient moi et mes enfants dans les yeux....j’ai perdu tous mes moyens, j’ai crié très fort... : mais vous êtes fous, que faites vous devant mes enfants ? ».

Terrorisée, elle n’a pas osé rentrer chez elle et s’est réfugiée chez des amis militants. Ses enfants ne sont pas allés à l’école aujourd’hui. « J’ai l’impression d’être dans une période de guerre, que mon domicile est occupé, assiégé, je ne peux pas rentrer chez moi ».

Le contexte

Le domicile de Samia Abbou est encerclé par un important dispositif policier depuis le mardi 24 octobre. Ce jour-là, à l’occasion de l’Aïd, elle a invité des femmes de prisonniers à lui rendre visite et à observer avec elle une journée de grève de la faim pour protester contre le sort réservé à leurs maris. Des personnes venues se joindre à cette protestation ont été appréhendées et embarquées brutalement par la police à leur sortie en début de soirée. Certaines ont été hospitalisées à la suite de l’interrogatoire auquel elles ont été soumises.

Depuis, la rue à été interdite à la circulation, et seuls les habitants du quartier présentant leur carte d’identité sont autorisés à accéder à leur domicile. Le bâtonnier de Tunis, des membres du conseil de l’ordre des avocats et les amis de Samia ont été empêchés de lui rendre visite.

Le cas Abbo

Surnommé "l’avocat de la liberté", Mohammed Abbou est emprisonné depuis le 1e mars 2005 à la prison du Kef (à 170 km de Tunis). Condamné le 29 avril 2005 à trois ans et six mois de prison, à l’issue d’un simulacre de procès, sa peine a été confirmée en appel deux mois plus tard. L’avocat était jugé dans le cadre de deux affaires. Il a été condamné notamment pour la publication sur Internet d’un article dans lequel il comparait les tortures infligées en Tunisie à des prisonniers politiques aux exactions de soldats américains à Abou Ghraib.

Depuis, sa femme, Samia Abbou, se bat inlassablement pour protester contre les conditions de détention terribles de son mari, qui se sont dégradées notamment depuis que son épouse et ses quatre avocats ont organisé, le 2 mars 2006, une manifestation devant sa prison. Samia Abbou et ses enfants sont également victimes de harcèlements constants.

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