"Dans un pays africain, plus le taux d’inscription dans le pré-primaire est important, plus est élevé le taux d’achèvement dans le primaire." Tel est le constat que dresse l’Unesco dans son Rapport mondial de suivi sur l’Éducation pour tous 2007, rendu public le 26 octobre.*
D’après l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, les compétences acquises par les enfants de 0 à 5 ans dans les garderies ou les écoles maternelles, appelés programmes de protection et d’éducation de la petite enfance (PEPE), représentent "la base de tous les apprentissages ultérieurs". Leurs bénéfices "s’étendent sur une plus longue durée que ceux des investissements ciblés sur les enfants plus âgés, les jeunes et les adultes."
Selon ce rapport, les PEPE peuvent compenser toutes sortes d’inégalités. Dans des pays aussi différents que le Cap-Vert, l’Égypte et la Guinée, ce sont les enfants les plus défavorisés qui en tirent le plus grand profit. Quant aux filles, souvent aussi nombreuses que les garçons dans ces structures, elles multiplient leurs chances d’être scolarisées normalement et de terminer le cycle primaire.
À l’échelle de la planète, quelque 738 millions d’enfants - 11 % de la population mondiale - font partie du groupe d’âge 0-5 ans. Sous l’effet de la croissance démographique, notamment en Afrique subsaharienne, leur nombre devrait atteindre 776 millions d’ici 2020. Dans le monde, le nombre d’enfants inscrits dans l’enseignement pré-primaire a triplé au cours des trois dernières décennies. Depuis 1999, l’augmentation des effectifs a été particulièrement forte en Afrique : + 43,5 %. Mais seuls 12 % des tout-petits y ont accès car les structures sont encore rares.

Moins de 10 % des dépenses

La petite enfance est un moment clef. La sous-alimentation, le manque de soins et les mauvais traitements au cours de cette période peuvent perturber "le développement du langage, le développement moteur et le développement socio-affectif". Dans les pays développés, des programmes à l’intention des jeunes enfants remontent au XVIIIe siècle et se sont généralisés à la fin du XXe. Pratiquement tous les enfants vont à l’école maternelle dès 3 ou 4 ans. On a observé cette même tendance dans les pays en développement avec l’arrivée des femmes sur le marché du travail et l’urbanisation.
Au niveau mondial, 65 des 79 pays disposant de données attribuaient moins de 10 % de leurs dépenses d’éducation pré-scolaire en 2004. En Afrique, l’éducation des enfants de moins de 3 ans relève encore largement des parents, des organismes non gouvernementaux et, de plus en plus souvent, du secteur privé. À l’exception du Sénégal ou du Ghana qui ont, ces dernières années, fait de la petite enfance une priorité nationale, les gouvernements jouent encore un rôle relativement limité. Sur le continent, l’Afrique du Sud constitue une autre exception. Son Comité national de coordination qui comprend des représentants de plusieurs ministères, d’institutions de formation, d’universités et d’ONG, a joué un rôle déterminant dans la création de programmes de pré-primaire pour tous les enfants de 5 et 6 ans.
Reste à mieux former les formateurs. Le Lesotho et l’Ouganda ont récemment mis en place des cours à leur intention. Des membres du personnel de ces métiers d’Afrique et du Moyen-Orient peuvent aussi reçoivent sur Internet un enseignement d’universitaires du monde entier dans le cadre de l’Université virtuelle pour le développement de la petite enfance.

Emmanuel de Solère Stintzy