UN Watch est décrit comme étant très proche de l’administration états-unienne. Est-ce le cas ?

Nous en sommes proches dans le sens que, exactement comme les Etats-Unis, nous dénonçons l’antisémitisme et le parti-pris anti-Israël au sein de l’ONU. Nous sommes, après tout, affiliés au Comité juif américain.

Partagez-vous l’opposition états-unienne au projet actuel de Conseil des droits humains ?

Nous partageons la position du Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, à savoir que nous avons ici affaire à une Commission discréditée, ce qui nécessite un nouvel organe. Cependant, à la différence de M. Annan, nous croyons qu’il faut tenir bon pour aboutir à un Conseil qui soit le plus fort possible. Nous préférons attendre l’intervention chirurgicale nécessaire plutôt que d’ordonner deux aspirines au patient puis de l’envoyer chez lui.

Quelles sont vos objections au projet ?

Nous avons trois objections majeures. La première, semblable à celle de Washington, c’est qu’on ne va pas assez loin dans le sens d’empêcher des Etats répressifs de siéger au Conseil ; nous voulons que les membres soient élus par une majorité de deux tiers. La deuxième, c’est que le projet affaiblit - au lieu de renforcer - la participation des ONG. Enfin, nous nous opposons à la clause, demandée par l’Organisation de la conférence islamique, - qui stipule que la religion doit être respectée sans mentionner le droit à la liberté d’expression.

Mais des ONG et des Etats-membres diraient que les Etats-Unis peuvent aussi être empêchés de siéger au Conseil à cause de leurs violations des droits humains.

Certainement, les Etats-Unis ont des comptes à rendre sur beaucoup de violations en Afghanistan et en Irak, mais je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent que la présence des Etats-Unis au Conseil serait obscène. Tous les pays ont des choses à se reprocher sur le plan des droits humains, mais il faut distinguer entre les démocraties et les non-démocraties.

Plusieurs ONG, comme l’Association Américaine de juristes, disent que la suspension de la Commission est un subterfuge pour l’empêcher d’aborder des dossiers comme Guantanamo.

N’importe quoi ! Primo, la suspension n’était pas une décision prise par les Etats-Unis, et secundo, une semaine de plus, qu’est-ce que ça change ? Ça me fait rire quand les gens parlent d’un « vide de protection » si le nouveau Conseil n’est pas créé et s’il nous reste plus qu’une Commission discréditée. Qu’est-ce qui a vraiment changé ? Après tout, la Commission a manqué de condamner le génocide au Darfour. Et là on peut vraiment parler d’un véritable « vide de protection » !

Vous focalisez sur le Soudan, la Libye, Cuba et le Zimbabwe comme pays indignes de siéger au Conseil. Vous ne mentionnez ni la Chine ni la Russie...

Nous réfléchissons sur ce que nous croyons être les points forts pour les médias, spécifiquement les violations au Darfour et au Zimbabwe, où quelque 700’000 personnes ont été éjectées de leur foyer. Bien sûr, la Chine et la Russie peuvent, elles aussi, être critiquées.