Presse Emblème Campagne - Un nombre record de journalistes a été tué en 2009, a annoncé mardi la Presse Emblème Campagne (PEC). Dans son rapport annuel, l’ONG indique que 121 journalistes ont été tués en un an dans 25 pays, soit une augmentation de 33% du nombre de victimes en 2009 par rapport à 2008.

« Dix journalistes par mois en moyenne ont été tués en 2009 par des groupes armés, des réseaux criminels, des gouvernements et lors d’attentats terroristes. 2009 a été une année noire pour les medias dans le monde. Beaucoup d’autres journalistes ont été enlevés ou contraints au silence ou à l’exil et l’impunité reste la règle », a affirmé le secrétaire général de la PEC Blaise Lempen.

Comparativement, 91 journalistes avaient été tués en 2008, 117 en 2007, 96 en 2006, selon le décompte de la PEC.

Dans les zones de conflit, l’accès des medias a été très difficile, sinon impossible en 2009 à Gaza, au Sri Lanka, en Afghanistan, au Pakistan, en Somalie, au Yemen, au Tchad, dans le Caucase. Six pays à eux seuls cumulent les deux tiers des victimes (81 sur 121).

L’année a été marquée par le plus grand massacre de journalistes de l’histoire en une seule journée, le 23 novembre dans le sud des Philippines : 31 journalistes ont été exécutés sommairement alors qu’ils accompagnaient un candidat à des élections locales de la province de Mindanao. Au total, 38 journalistes ont péri aux Philippines en un an, le bilan le plus lourd dans un seul pays après l’Irak des années 2003 à 2007.

Aucune amélioration n’a été enregistrée au Mexique, deuxième pays le plus dangereux, avec 13 journalistes tués en 12 mois. Ils ont été les victimes de la lutte entre réseaux de trafiquants de drogue et autorités locales.

La Somalie a été le troisième pays le plus dangereux, avec neuf journalistes tués ainsi que plusieurs enlèvements de longue durée, victimes de milices islamiques, de balles perdues et d’attentats terroristes.

La détérioration s’est poursuivie dans le nord-ouest du Pakistan, au 4e rang, en raison des affrontements entre les groupes islamiques radicaux et l’armée gouvernementale : huit journalistes y sont morts dans le conflit.

La Russie a été le 5e pays le plus dangereux, avec sept victimes, en majorité liées aux conflits du Caucase.

Une lente amélioration s’est poursuivie en Irak, mais avec six journalistes tués, ce pays est resté l’un des pays les plus risqués pour les employés des medias.

Suivent au 7e rang l’Afghanistan et la Colombie, avec cinq tués dans chacun de ces pays, puis le Honduras et la bande de Gaza, avec quatre tués chacun.

Au 11e rang, avec trois victimes, est apparu l’an dernier dans cette liste le Kyrgiszistan, où les voix dissidentes sont la cible d’une répression systématique.

Suivent avec deux tués chacun le Guatemala, le Népal, le Sri Lanka, le Venezuela. Enfin, un journaliste a été tué dans les pays suivants, selon la PEC : Bangladesh, Brésil, Inde, Indonésie, Kenya, Madagascar, Nigéria, République démocratique du Congo, Salvador, Turquie.

La PEC a aussi dénoncé l’emprisonnement d’au moins 150 journalistes dans le monde, dont la récente vague d’arrestations en Iran, et demandé leur libération.

« La liberté d’expression a rarement été aussi menacée, en raison de conflits récurrents, de l’escalade du terrorisme aveugle, du mépris de la vie des civils, de la radicalisation de groupes armés et criminels », a constaté Blaise Lempen. « Il faut y ajouter des milliers de suppressions
d’emplois dans les medias provoquées par la crise économique : l’insécurité n’a jamais été aussi répandue dans la profession », a-t-il conclu.

La présidente de la PEC Hedayat Abdel Nabi a annoncé que la PEC et l’International Covenant for the Protection of Journalists (ICPJ) vont relancer leur appel aux membres du Conseil des droits de l’homme de l’ONU pour la convocation d’un événement spécial afin de discuter de la protection des journalistes et des risques croissants qu’affrontent les
medias en raison de nouvelles menaces