Pour la troisième fois, la majorité des membres du Conseil va tomber à bras raccourcis sur l’Etat d’Israël avec une résolution sans appel qui, à coup sûr, sera verrouillée jusqu’à sa dernière virgule avant même l’ouverture des débats.

Quid du Darfour ? Quid de ce qui reste de la Tchétchénie ? Quid, surtout, de la volonté affichée de l’ONU de devenir un réel outil de promotion des droits de l’homme, et non pas simplement une caisse de résonance des calculs politiques des Etats ?

Derrière ces questions, qui commencent à embarrasser voire à sérieusement exaspérer les observateurs les plus compréhensifs, toujours la même logique à l’œuvre, bien sûr : des Etats en voie de développement trop contents de voir l’attention internationale se divertir sur Israël ; d’autres Etats, ou les mêmes, qui n’osent pas s’opposer aux consignes de vote de leur groupe et à l’apparente force qui découle de cette union ; d’autres encore pour qui tout cela n’a guère plus d’importance qu’un rituel.

Mais le mauvais fonctionnement du Conseil, dont il sera bientôt temps de constater officiellement qu’il est avéré, tire aussi sa substance d’autres dysfonctionnements chaque jour plus criants. Comment, en effet, s’en prendre à l’unilatéralisme de ce Conseil lorsque, quelques jours plus tôt, les Etats-Unis faisaient usage de leur droit de veto à propos du massacre de Gaza ? Même s’ils ne se font guère d’illusions sur la portée de ces condamnations, les travaux du Conseil des droits de l’homme sont perçus, par beaucoup de musulmans, comme une manière pour l’ONU de sauver l’honneur.

Plus généralement, comment s’étonner que les divergences qui opposent le Nord et le Sud explosent à Genève alors que tout est fait pour qu’elles ne puissent pas surgir ailleurs, au Conseil de sécurité de l’ONU à New York, par exemple ?

Vouloir un Conseil des droits de l’homme plus performant constitue certes une noble cause. Mais tenter de l’extraire de l’environnement international dans lequel il s’inscrit s’apparente à un idéal creux.