Agé d’une soixantaine d’années, Xanao Gusmao, président du Timor Oriental depuis l’indépendance de son pays en 1999, peut, à lui tout seul, être considéré comme la figure emblématique de ce double défi.

De passage aux Nations Unies à Genève en quête d’aide internationale, le président timorais a fait une forte impression. Calme, porteur d’un discours empreint de générosité et de chaleur humaine, Xanao Gusmao - dont un film décrivant l’accès à l’indépendance et sa nouvelle activité de chef d’état a été présenté pour la première fois - a été vu par nombre d’observateurs comme un nouveau Mandela.

Il y a pourtant différence. Prix Nobel de la paix en 1986, Mandela a passé quelque trente ans de sa vie en prison. Le parcours du président timorais est tout autre. Ancien guérillero, son combat, il l’a mené dans la jungle où il fut même comparé au Che. Arrêté, il passa ensuite nombre d’années dans les geôles indonésiennes.

C’est ainsi que, contrairement au vieux leader sud-africain, ce ne fut pas à lui qu’on décerna le prix Nobel de la paix mais aux militants pacifistes Ramos Horta (actuellement ministre des affaires étrangères) et à Monseigneur Carlos Felipe Ximenes Belo.

Qu’importe. Son message est d’une autre portée. Les violations des droits de l’homme perpétrées au Timor Oriental font l’objet d’un rapport. Un rapport particulier. Celui de la Commission "Accueil, Vérité et Réconciliation" établie en 2001 pour faire la lumière sur les violations des droits de l’homme commises en avril 1974 et octobre 1999 par les forces indonésiennes au Timor Oriental. Et dont l’aboutissement est l’acte du pardon.

Courageux ? Peut-être. Mais surtout nécessaire pour aider à panser les blessures, rétorque de sa voix douce le président Gusmao.